Disclaimer mansplaining Inutile de venir me prĂ©senter la preuve numĂ©ro 127 diffusĂ©e Ă 12h47 le 7 mai 2022 lors du procĂšs en direct car je ne suis pas juge et vous non plus. Je n'analyse pas les Ă©lĂ©ments du procĂšs mais une certaine ambiance en ligne. Je suis lĂ©gitime Ă le faire car c'est mon mĂ©tier Ă plusieurs titres en tant que communicante de crise sur les rĂ©seaux sociaux pour de grandes entreprises, crĂ©atrice d'une page fĂ©ministe PrĂ©parez_vous_pour_la_bagarre suivie par 211 000 personnes et autrice d'un livre sur le sexisme DĂ©faire le discours sexiste dans les mĂ©dias aux Ăditions JCLattĂšs. LâactualitĂ© nâexiste pas en soi. Elle est la somme de ce que les journalistes valident. Labellisent. ». C'est Alice Coffin qui lâĂ©crit dans Le GĂ©nie lesbien. Les rĂ©dactions sont nombreuses en France Ă avoir dĂ©cidĂ© que le procĂšs Amber Heard - Johnny Depp relevait de la brĂšve de fait divers, de la rubrique people ou mĂȘme de la non-information. Il est habituel d'assister au dĂ©classement de l'actualitĂ© relevant de la culture pop et de la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©, pourtant, en plus d'ĂȘtre une affaire dâune importance capitale pour l'histoire du mouvement metoo, elle raconte un emballement rĂ©actionnaire. Rappel des faits Ce que des millions d'internautes suivent en ce moment sur youtube, câest un procĂšs en diffamation engagĂ© par Johnny Depp, contre son ex Amber Heard parce quâelle a Ă©crit dans le Washington Post en 2018 un Ă©dito oĂč elle se prĂ©sente comme victime de violences conjugales, sans citer son nom. Il estime qu'Ă la suite de cet article, sa carriĂšre s'est effondrĂ©e et il demande 50 millions de dollars de rĂ©paration. Elle contre-attaque en demandant 100 millions d'euros Ă son ex-compagnon qu'elle accuse dâĂȘtre Ă l'origine dâune campagne de harcĂšlement et de dĂ©nigrement sur les rĂ©seaux sociaux. Il est important de noter que Johnny Depp a dĂ©jĂ perdu un procĂšs en diffamation en 2020 contre le journal britannique The sujet journalistique Le procĂšs Heard - Depp Ă©crit lâhistoire du mouvement metoo, et mĂ©rite dâĂȘtre suivi et racontĂ© par les journalistes. Cette affaire sâinscrit dans lâair du temps et dans une tendance Ă utiliser les plaintes en diffamation et en dĂ©nonciation calomnieuse contre les accusatrices de violences sexistes et sexuelles qui parlent publiquement. En France, la cour de cassation a rendu une dĂ©cision historique le 11 mai concernant notamment la plainte en diffamation d'Eric Brion contre Sandra Muller, l'instigatrice de balancetonporc. La plus haute instance juridique française a reconnu Ă Sandra Muller le bĂ©nĂ©fice de la bonne foi et reconnaĂźt que la dĂ©nonciation des violences sexistes relĂšve de lâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. Cette dĂ©cision dessine le contour dâune jurisprudence qui protĂšge les futures lanceuses dâalerte et victimes en cas de dĂ©nonciations publiques. Pourtant, le vieux monde sâaccroche et PPDA engage quasi dans le mĂȘme temps un procĂšs contre 16 femmes qui l'accusent d'agressions sexuelles et de viols il se joue quelque chose de sociĂ©tal, de structurel autour de ce que certaines fĂ©ministes appellent les procĂ©dures delĂ du droit, une autre histoire se raconte autour de ce procĂšs celle de la bataille culturelle en cours dans l'opinion et sur les rĂ©seaux sociaux. L'empire des hommes contre-attaque L'affaire Amber Heard - Johnny Depp, c'est une histoire de vengeance. La revanche d'une catĂ©gorie d'hommes qui se vit dominĂ©e par les femmes et menacĂ©e par les avancĂ©es du mouvement metoo. Ces hommes pensent que Johnny Depp est un martyr lynchĂ© par des mĂ©dias et les entreprises culturelles comme les studios Disney Ă la solde de l'idĂ©ologie woke, et qu'il faut tout mettre en Ćuvre pour faire Ă©clater la rĂ©alitĂ© de la domination fĂ©minine. Comme pour toutes les thĂ©ories du complot, inutile de rappeler les chiffres sur les violences, ou de se remĂ©morer qui dirige les foyers, les entreprises, les nations, les organisations internationales, le monde et mĂȘme les vols dans l'espace s'opposer Ă eux c'est n'avoir pas assez suivi l'affaire ou ĂȘtre Ă la botte d'un lobby misandre international. Ces groupes dâhommes anonymes se nourrissent de ce que les Ă©ditorialistes rĂ©actionnaires dĂ©versent chaque jour dans les mĂ©dias. Des paroles comme celles de Pascal Bruckner - pour ne citer qu'un exemple - sur une chaine du service public en 2021 dĂ©crivant un "fĂ©minisme de procĂšs qui crucifie l'homme blanc" frappent exactement au cĆur des complotistes masculinistes et alimentent une machine Ă produire la haine des femmes. Une adhĂ©sion aux mythes misogynes qui aura de grandes consĂ©quences Sans contre-feux mĂ©diatique pour dĂ©crypter et analyser le procĂšs, la machine dĂ©raille. Pendant les trois premiĂšres semaines du procĂšs Johnny Depp a Ă©tĂ© entendu sans contradictoire et le dĂ©ferlement a commencĂ©. Faux comptes, montages, mĂšmes. Amber Heard est humiliĂ©e, critiquĂ©e en commentaire. Si elle pleure elle joue la comĂ©die et ment. Si elle reste impassible, et ne pleure pas assez elle ment. Sur Tik Tok on lui reproche d'ĂȘtre une comĂ©dienne, et de jouer le rĂŽle de sa vie. Rappelez moi la profession de Johnny Depp ? Cette campagne de dĂ©nigrement misogyne porte ses fruits notamment chez de jeunes fĂ©ministes qui croient ĂȘtre subversives en prenant le parti d'un homme qu'on leur prĂ©sente comme victime d'une sorciĂšre. Elles semblent oublier que mĂȘme si les violences Ă©taient mutuelles, Amber Heard n'a pas menti en se dĂ©clarant victime de violences conjugales. Elles oublient aussi les effets dramatiques de cette sĂ©quence sur les victimes qui assistent Ă l'humiliation publique d'une femme qui a osĂ© parler. Cette affaire donne la consigne de se taire, sous peine de se retrouver scrutĂ©es, humiliĂ©es, harcelĂ©es, menacĂ©es de mort. On passe le message, qu'Ă moins de coller au profil des "bonnes" victimes - innocentes, pures, stables, passives - on ne sera pas crues et mĂȘme pire, punies. C'est ce qui me frappe le plus je crois l'organisation d'une vĂ©ritable campagne punitive contre Amber Heard parce qu'elle n'est pas parfaite. Sommes-nous condamnĂ©es nous les imparfaites, Ă subir des relations violentes sans rĂ©pondre ou Ă en mourir pour ĂȘtre des victimes lĂ©gitimes ?Quelque soit lâissue du procĂšs, Johnny Depp et l'argumentaire masculiniste ont gagnĂ© la bataille de l'opinion. Mais pas la guerre.
Depuistrois ans, Rose Lamy débusque les formules et discours sexistes dans les médias et les publie sur un compte Instagram, "Préparez-vous pour la bagarre". Elle en tire désormais un livre
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Rose Lamy est la crĂ©atrice du compte Instagram PrĂ©parez-vous pour la bagarre, qui compte plus de abonnĂ©s. ExaspĂ©rĂ©e par un discours qui dĂ©valorise les femmes au quotidien en tant que groupe, elle publie en novembre dernier l'ouvrage DĂ©faire le discours sexiste dans les mĂ©dias, chez JC LattĂšs. La jeune femme, qui a travaillĂ© dans la musique et la communication de crise, n'a pas hĂ©sitĂ© Ă mettre entre parenthĂšses sa mission au sein d'un grand groupe pour se consacrer pleinement Ă la rĂ©daction de cet ouvrage de 300 pages, qui en est dĂ©jĂ Ă sa 4e rĂ©impression pour un tirage global de exemplaires. Challenges. Pouvez-vous nous prĂ©senter le cadre de cet ouvrage ? Rose Lamy, autrice de DĂ©faire le discours dans les mĂ©dias. Ce livre est parti de mon compte Instagram PrĂ©parez-vous pour la bagarre, sur lequel je compile depuis mars 2019 des Ă©lĂ©ments de discours sexiste dans les mĂ©dias. Puis la maison d'Ă©dition JC LattĂšs m'a contactĂ©e pour me proposer un livre. En juin 2020, j'ai mis de cĂŽtĂ© ma mission au sein de la communication digitale de la SNCF pour m'y consacrer. Quel a Ă©tĂ© votre cheminement personnel pour dĂ©crypter le discours sexiste dans les mĂ©dias ? Ce cheminement vient exclusivement de mon Ă©ducation familiale. J'ai perdu mon pĂšre quand j'avais 4 ans, j'ai trois sĆurs aĂźnĂ©es et ma mĂšre, donc j'ai grandi avec un modĂšle de famille monoparentale. Ma grand-mĂšre me gardait le mercredi, donc mon Ă©ducation Ă©tait non-mixte, mĂȘme si mon beau-pĂšre est arrivĂ© ensuite. Certaines choses me semblaient incomprĂ©hensibles, comme lorsque j'ai appris Ă l'Ă©cole que le masculin l'emportait toujours sur le fĂ©minin. AprĂšs, j'ai suivi les grandes affaires mĂ©diatiques de ces derniĂšres annĂ©es Bertrand Cantat, DSK, MeToo.... J'ai cherchĂ© Ă comprendre la mĂ©canique du discours sexiste vĂ©hiculĂ© dans les mĂ©dias. Lire aussiMeToo, journalisme, DSK... Les vĂ©ritĂ©s d'Anne Sinclair OĂč en sommes-nous aujourdâhui du sexisme dans les mĂ©dias ? Sur l'omerta, je dirai que ça va mieux. Le rapport journalistique aux violences sexistes et sexuelles a Ă©voluĂ© depuis toutes ces affaires. Et les fĂ©ministes ont rĂ©ussi Ă imposer le mot "fĂ©minicide" en s'en prenant inlassablement aux mĂ©dias. Mais de nombreux gros chantiers restent Ă faire. Comme la dĂ©construction des mythes, c'est-Ă -dire de ne pas croire les victimes, de penser qu'il y a un intĂ©rĂȘt Ă faire de fausses dĂ©clarations ou de calquer des thĂ©ories du complot sur les femmes qui parlent. Ces mythes qui veulent que les hommes de pouvoir ou les artistes sont incapables de violences sexistes et sexuelles reposent sur des croyances profondĂ©ment misogynes. Il faut en discuter et le critiquer. Et ces croyances se repĂšrent aussi sur le traitement basique de faits divers de violences sexistes et sexuelles. MĂȘme dans une petite brĂšve, on va avoir tendance Ă romancer en Ă©voquant par exemple un dĂ©rapage ou un homme qui aime trop les femmes. Quelles rĂ©percussions a ce discours sexiste dans la sociĂ©tĂ© ? Sur les femmes, ce discours est catastrophique. Il y a une sanction sociale derriĂšre ce discours qui dĂ©courage les femmes de parler. Du cĂŽtĂ© des hommes, on aura tendance Ă ne pas les nommer dans le problĂšme, en ne les citant pas ou plutĂŽt sous une forme passive afin d'attĂ©nuer la gravitĂ© de leur acte. On parle mĂȘme de "violences faites aux femmes", qui est une formule hyper passive. Elle enlĂšve totalement le mĂ©canisme des violences sexistes et sexuelles. Ce sont quand mĂȘme des violences patriarcales. Alors que quand nous parlons de violences policiĂšres, on sait exactement de quoi on parle. LĂ on parle de violences faites aux femmes, câest anxiogĂšne pour les femmes et ça empĂȘche les hommes de rĂ©aliser quâils font partie du problĂšme. Ce traitement mĂ©diatique maintient le statut quo. Câest vertigineux. Lire aussiLes femmes occupent seulement 38% des postes clĂ©s dans les fictions françaises De quels outils disposons-nous pour changer la donne ? Il existe peu de leviers. Il est possible d'interpeller le CSA pour l'audiovisuel. Mais il n'existe pas d'organe de rĂ©gulation pour la presse Ă©crite. Ce qui est une bonne chose, car il faut protĂ©ger la libertĂ© d'expression. Mais il manque clairement un outil de dialogue avec les mĂ©dias. Ce qui ne nous laisse pas dâautre choix que le recours aux rĂ©seaux sociaux. Avec mon compte Instagram, je mâadresse directement aux rĂ©dactions et jâencourage les abonnĂ©s Ă faire de mĂȘme quand ils mettent Ă jour un discours qui semble relever du sexisme. Si on ne nomme pas les choses, on ne peut pas combattre. Il ne s'agit pas d'une simple histoire de mots, ça n'est pas cosmĂ©tique et ce discours a un vrai impact sur le monde. Il faudrait aussi apprendre l'antisexisme Ă l'Ă©cole par des formations. Parlez-nous de cette fameuse "femme" qui a sa page WikipĂ©dia... Cette femme, câest la dĂ©shumanisation ultime. On commence par mal les nommer, puis les appeler par leur prĂ©nom, mais vraiment "Une femme", ça signifie qu'elles sont toutes interchangeables. Ce qui est trĂšs paradoxal, car souvent on dĂ©signe "une femme" pour parler de rĂ©alisations historiques. Câest souvent la premiĂšre femme envoyĂ©e dans lâespace ou celle qui devient directrice dâune caserne dans la Creuse. Alors mĂȘme qu'elle rentre dans lâhistoire, on ne prend pas la peine de la nommer, ce qui est trĂšs rĂ©vĂ©lateur. Pour paraphraser votre compte Instagram, ĂȘtes-vous prĂȘte pour la bagarre ? Au dĂ©part, le nom de cette page Ă©tait plus destinĂ© Ă mes abonnĂ©s. Je les prĂ©venais que ça allait secouer de lire ce que jâallais dire. Mais effectivement maintenant que ça a pris une autre tournure, nous allons vers des annĂ©es qui s'annoncent difficiles. Maintenant qu'on a mis Ă jour ce discours, il faut tenir la distance quand on va nous disqualifier, en nous traitant dâhystĂ©riques par exemple. La bagarre, ça va ĂȘtre plutĂŽt de ne pas nous renvoyer dans nos cuisines.
RoseLamy âPrĂ©parez-Vous pour la Bagarre : DĂ©faire le Discours Sexiste dans les MĂ©diasâ (JC LATTES) 8,00 ⏠TVA non dĂ©ductible RĂ©gime particulier â Biens d'occasion. Facebook Tweet Pin LinkedIn. Magasin: Ixelles. Comme neuf. Cet objet a Ă©tĂ© vendu et n'est plus disponible! Un lien externe vous a probablement conduit ici (Facebook, Google ou autre) car cet objet n'apparaĂźt ï»żPassionnĂ© par les sujets de sociĂ©tĂ© et la culture, ClĂ©ment Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019. "PrĂ©parez vous pour la bagarre", le livre qui dĂ©fait le discours sexiste dans les mĂ©dias [Image PrĂ©parez vous pour la bagarre - Instagram] "PrĂ©parez-vous pour la bagarre". C'est sous ce nom que Rose Lamy recueille, dĂ©cortique et dĂ©fait sur Instagram le discours sexiste qui se propage dans les mĂ©dias. Un compte critique et majeur dĂ©sormais dĂ©clinĂ© en livre. EuphĂ©mismes, emploi massif de la forme passive, romantisation des violences et des fĂ©minicides, diabolisation des "nĂ©o-fĂ©ministes"... Cela fait trois ans que Rose Lamy recueille et dĂ©crypte sur Instagram les discours sexistes qui se propagent dans les mĂ©dias. Des sorties outrageuses les plus Ă©videntes aux dĂ©tails des titrailles qui choquent. Une initiative ambitieuse qui tĂ©moigne d'une lutte quotidienne le compte en question s'intitule Ă juste titre PrĂ©parez-vous pour la bagarre. Et il prend dĂ©sormais la forme d'un livre, Ă©ditĂ© par JC LattĂšs. Un manuel s'appliquant Ă dĂ©faire le discours sexiste dans les mĂ©dias, avec force exemples, revues de presse et analyses. "Comment lutter contre le sexisme quand il est perpĂ©tuĂ© et amplifiĂ© par les mĂ©dias ? Il est temps d'explorer les fondements de ce discours, pour en dĂ©faire les mĂ©canismes et nous en libĂ©rer", y affirme l'autrice. Pour Terrafemina, celle-ci est revenue sur cette vaste entreprise. Rose Lamy, autrice et instigatrice de "PrĂ©parez vous pour la bagarre" Terrafemina Dans son enquĂȘte "Faute de preuves", la journaliste Marine Turchi rappelle ce que subissent les victimes de violences sexistes et sexuelles on euphĂ©mise leur agression et blĂąme leurs propos, leur attitude. PrĂ©parez-vous pour la bagarre fait le mĂȘme constat en suggĂ©rant que le choix du lexique employĂ© par les journaux est dĂ©jĂ une forme de violence. Rose Lamy C'est la dĂ©monstration que j'ai essayĂ© de faire effectivement. J'approfondis, sur le plan sĂ©mantique, des notions trĂšs employĂ©es aujourd'hui comme celle de "tribunal mĂ©diatique". Ou encore, la maniĂšre dont on instrumentalise l'argument de la prĂ©somption d'innocence. Tout cela nous renvoie aux interrogations actuelles de centaines de milliers de personnes. Tout le monde consomme les mĂ©dias aujourd'hui, c'est lĂ leur force. Tout le monde a son mĂ©dia ou medium. Les journalistes et militantes fĂ©ministes dĂ©cryptent super bien le fonctionnement des mĂ©dias et les questionnements dĂ©ontologiques que cela suppose parfois dans le cadre d'articles dĂ©diĂ©s aux faits de violences notamment, mais je trouvais qu'il manquait une partie complĂ©mentaire sur le discours et la sĂ©mantique. D'oĂč la crĂ©ation de ma page Instagram et la proposition de ce livre aujourd'hui. Bien sĂ»r, "mĂ©dias" dĂ©signe un systĂšme si multiple qu'il est difficile de le synthĂ©tiser. MeToo par exemple, mouvement fondĂ© par l'activiste afro-amĂ©ricaine Tarana Burke, est Ă©galement un phĂ©nomĂšne mĂ©diatique, impulsĂ© par les enquĂȘtes du New York Times et du New Yorker dĂ©diĂ©es Ă Harvey Weinstein. C'est aussi dans les journaux et sur les rĂ©seaux sociaux que j'ai appris ce que je connais du fĂ©minisme. Et ce sont les initiatives dĂ©diĂ©es aux traitements mĂ©diatiques de ces enjeux qui m'ont interpellĂ©e en tant que fĂ©ministe. La rĂ©ception critique des faits divers par exemple, Ă travers un blog comme Les mots tuent, qui dĂ©nonce le traitement journalistique des violences faites aux femmes. Ce qui m'intĂ©resse, c'est aussi le support de dĂ©monstration universel et accessible Ă tous que reprĂ©sentent les mĂ©dias. Dans le livre d'ailleurs, j'ai fait en sorte que toutes mes sources soient accessibles en un clic. L'idĂ©e avec ce manuel est aussi de dĂ©montrer que les discours mĂ©diatiques sexistes, les sorties anti fĂ©ministes qui scandalisent par exemple, font systĂšme. "PrĂ©parez vous pour la bagarre", le livre qui dĂ©fait le discours sexiste dans les mĂ©dias Pour saisir ce systĂšme, vous relevez quantitĂ© d'expressions employĂ©es pour fustiger les fĂ©ministes. Celle de "chasse aux sorciĂšres" par exemple, dĂ©tournĂ©e de son sens premier. RL C'est hallucinant, non ? De renvoyer Ă un gĂ©nocide historique qui a pris place en Europe et a causĂ© la mort de centaines de milliers de femmes condamnĂ©es pour leur genre, en prĂ©tendant que ces femmes, justement, feraient la mĂȘme chose en condamnant des crimes. Un autre terme rĂ©guliĂšrement employĂ© est celui de "dĂ©lation", qui a complĂštement supplantĂ© celui "d'accusation". "DĂ©lation" est passĂ© comme une lettre Ă la poste dans beaucoup d'interventions et d'articles. En 2017, Emmanuel Macron dans son discours dĂ©diĂ© aux violences faites aux femmes la grande cause du quinquennat, dit lui-mĂȘme "Je ne veux pas d'une sociĂ©tĂ© de la dĂ©lation gĂ©nĂ©ralisĂ©e". Et personne pour en revenir Ă la racine du mot, dĂ©signant une pratique antisĂ©mite et mĂ©prisable revenant Ă envoyer des personnes opprimĂ©es Ă la mort. Or, on parlera de "dĂ©lation" pour incriminer celles qui justement dĂ©noncent des dĂ©lits et des crimes qui ne sont pas acceptĂ©s â normalement - par la sociĂ©tĂ©. LĂ , on est en plein dans l'inversion de sens. Dans le cadre des discours anti-fĂ©ministes se retrouve Ă©galement l'usage des termes "ayatollah", "lapidation", "fatwa"... RL On devine lĂ toutes les obsessions rĂ©actionnaires d'une certaine frange mĂ©diatique. De ceux qui emploient "islamo gauchisme" ou "wokisme"... visant Ă fustiger les militances antiraciste et antifĂ©ministe notamment. Le mot "FĂ©minazie", apparu en 1992 sous la plume de l'animateur radio conservateur amĂ©ricain Rush Limbaugh, n'est jamais loin non plus dans ces discours qui, par extension, n'hĂ©sitent pas Ă passer en revue tous les rĂ©gimes autoritaires. Il s'agit aussi de s'adapter Ă l'actualitĂ©, Ă la guerre en Syrie, Ă Daech... En filigrane, tout ce champ lexical renvoie le fĂ©minisme Ă des pays et cultures oĂč il est pourtant considĂ©rĂ© comme un extrĂ©misme... RL Oui, ce n'est pas trĂšs cohĂ©rent, n'est-ce pas ? Je pense Ă une caricature d'Alice Coffin publiĂ©e en 2020 dans Le Canard EnchaĂźnĂ©. Sur ce dessin dont le sous-titre est "Alice Coffin rejette la musique, les livres et les films faits par des hommes", Alice Coffin est reprĂ©sentĂ©e aux cĂŽtĂ©s d'individus que l'on imagine ĂȘtre des salafistes. Ceux-ci lui disent "Vous pensez tout comme nous, mais nous c'est contre les femmes". C'est si honteux comme caricature. Et de s'imaginer qu'une femme lesbienne et militante fĂ©ministe comme Alice Coffin pourrait envier des sociĂ©tĂ©s au sein desquelles elle serait pourtant la premiĂšre victime. Ăa force presque le respect tellement c'est absurde. A travers ces critiques, on constate un double phĂ©nomĂšne les violences subies par les femmes peuvent ĂȘtre euphĂ©misĂ©es, tandis que l'engagement fĂ©ministe, lui, est diabolisĂ©. On le dit "guerrier", "violent", "excessif". RL Oui, quand on est fĂ©ministe, c'est un peu "Pile, je gagne, Face, tu perds". On part souvent perdante avant mĂȘme de jouer. Dans la reprĂ©sentation mĂ©diatique de certains faits de violence par exemple, on a l'impression que si la victime a bu, cela sera retenu contre elle, mais si l'agresseur a bu, c'est une circonstance attĂ©nuante. On le constate avec la maniĂšre bien connue de titrer "Ivre, il..." en relatant des faits parfois incongrus certes, mais qui peuvent aussi ĂȘtre dramatiques agressions sexuelles, violences conjugales... Autre gimmick de nombreux articles l'expression rĂ©currente "dĂ©rapage". On constate rĂ©guliĂšrement son emploi pour parler d'une Ă©niĂšme dĂ©claration d'Eric Zemmour. RL "DĂ©rapage" signifie que cela ne correspond pas Ă la norme. J'en ai rĂ©coltĂ© plusieurs au cours de mes recherches, notamment sur des faits graves. En googlisant "dĂ©rapage viol", je suis tombĂ©e sur une centaine de pages de rĂ©sultats. Un crime, ce n'est pas un dĂ©rapage. Une intention de nuire n'est pas un dĂ©rapage. On se retrouve lĂ face Ă un glissement sĂ©mantique. L'Ă©tat des lieux du livre ne se limite pas aux mĂ©dias rĂ©actionnaires comme Valeurs Actuelles, Le Figaro Vox ou Causeur. Votre rĂ©flexion englobe beaucoup plus de titres de presse gĂ©nĂ©ralistes. RL Oui, je voulais rappeler que personne n'est Ă l'abri de porter un discours sexiste â Ă travers le choix problĂ©matique d'un titre d'article par exemple. Moi-mĂȘme, j'ai du me dĂ©faire de mauvaises interprĂ©tations, et je ne suis pas Ă l'abri d'en faire d'autres. C'Ă©tait important de ne pas simplement taper sur ce qui Ă©tait trop Ă©vident. Car cela ne se rĂ©duit pas Ă une question d'opposition idĂ©ologique. Le sexisme prend bien des formes et les discours progressistes ne sont pas toujours dĂ©pourvus de biais ou de croyances porteuses de violences. On s'en rend compte quand il s'agit d'Ă©voquer les violences sexistes et sexuelles. Le traitement d'un drame majeur le prouve d'ailleurs l'affaire Bertrand Cantat. A l'instar de Mona Chollet dans son rĂ©cent essai RĂ©inventer l'amour, la mĂ©diatisation de ce fĂ©minicide semble centrale Ă votre rĂ©flexion. Pourquoi cela ? RL La mĂ©diatisation du meurtre de Marie Trintignant par Bertrand Cantat est le point de dĂ©part de ma prise de conscience fĂ©ministe. Et je pense que je ne suis pas la seule. A l'Ă©poque, des mĂ©dias comme Rock & Folk ont pu romantiser ce fĂ©minicide. Le journaliste Patrick Eudeline Ă©crivait en 2003 "Le rock'n roll, l'Ă©popĂ©e shakespearienne - puisqu'il s'agit lĂ d'une histoire Ă la Othello - pĂšsent peu devant ça". Aujourd'hui, je pense que de tels articles seraient repris, critiquĂ©s, recontextualisĂ©s, pour rappeler une chose Ă©vidente on ne tue pas par amour. Il n'y aurait plus de silence. Une bataille culturelle a Ă©tĂ© gagnĂ©e de ce point de vue lĂ . Sur l'Ă©criture des fĂ©minicides, on a beaucoup avancĂ©. Reste cependant le champ des violences sexuelles, oĂč les accusatrices sont sans cesse dĂ©crĂ©dibilisĂ©es â il y a encore beaucoup de boulot ! Parmi tous les mĂ©canismes que vous avez pu Ă©tudier, il y en a-t-il un qui vous a plus choquĂ©e qu'un autre ? RL Je crois que c'est la minimisation des violences faites aux enfants qui m'Ă©meut le plus. Dans le cadre de l'affaire Gabriel Matzneff par exemple, je cite un article de LibĂ©ration qui parle de ses "Ă©bats avec des enfants et des ados", alors qu'il s'agit de pĂ©docriminalitĂ©. Ou des titres d'articles comme "le policier qui aimait trop les ados" qui sera modifiĂ© en "Un policier condamnĂ© pour agression sexuelle sur mineures". Ou encore "Il avait la main baladeuse sur une fillette de 10 ans"... Ce qui m'a marquĂ©e, ce sont aussi toutes les techniques de dĂ©responsabilisation. La forme passive pour parler d'agressions sexuelles. Le fait de mettre Ă distance, dĂ©personnaliser systĂ©matiquement l'agresseur, en Ă©rigeant les "coups portĂ©s" en sujet du titre par exemple. Des formulations comme "une affaire de violences appelĂ©e Ă la barre" j'imagine un dossier arriver Ă la barre... On est plein Roger Rabbit. sourire OĂč se trouve donc l'homme incriminĂ© dans ces Ă©noncĂ©s ? D'un cĂŽtĂ© on fait disparaĂźtre l'agresseur. Mais dans certains articles, on ne voit que lui. Ce souci de citation renvoie Ă la dĂ©marche de certaines journalistes fĂ©ministes comme Titiou Lecoq qui a notamment dĂ©diĂ© des travaux aux victimes de fĂ©minicides on a l'impression qu'archiver revient dĂ©jĂ Ă militer. Est-ce votre avis ? RL En fait, le point de dĂ©part de ma page Instagram Ă©tait une expĂ©rience empirique j'avais l'impression que rien n'allait, je ne me sentais pas bien quand je lisais les actus, il fallait tout regrouper au mĂȘme endroit pour pouvoir en parler. D'oĂč cette volontĂ© de centraliser ces informations diffuses pour mieux se rendre compte de l'Ă©tendue d'un systĂšme. C'est Ă©galement important de le faire aujourd'hui Ă travers un livre, que tout cela reste. Ma page Instagram a Ă©tĂ© menacĂ©e de suppression plusieurs fois depuis sa crĂ©ation. Sur les rĂ©seaux sociaux, tout peut partir en fumĂ©e. Je ressentais donc un sentiment d'urgence. Sans dĂ©livrer un recueil exhaustif, il fallait le faire ce livre. Et le faire vite. PrĂ©parez vous pour la bagarre dĂ©faire le discours sexiste dans les mĂ©dias, par Rose Lamy. Editions JC LattĂšs, 300 p.AprĂšsavoir travaillĂ© dans la musique et la communication, Rose Lamy a créé en 2019 le compte Instagram PrĂ©parez-vo. Ouvertes sur tous les domaines de la curiositĂ© contemporaine depuis 1968. search search Menu menu. home Nos livres arrow_drop_down Nos sĂ©lections arrow_drop_down Nos univers arrow_drop_down Professionnels arrow_drop_down LaQu'est-ce qu'elle faisait dehors Ă cette heure ? Avait-elle bu ? Que portait-elle ? Il ne peut pas l'avoir violĂ©e, je m'en porte garant, c'est mon ami.... Lire la suite 13,99 ⏠E-book - ePub Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 13,99 ⏠Grand format En stock 19,00 ⏠Vous pouvez lire cet ebook sur les supports de lecture suivants TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat DĂšs validation de votre commande Offrir maintenant Ou planifier dans votre panier Qu'est-ce qu'elle faisait dehors Ă cette heure ? Avait-elle bu ? Que portait-elle ? Il ne peut pas l'avoir violĂ©e, je m'en porte garant, c'est mon ami. C'Ă©tait une autre Ă©poque. Il faut sĂ©parer l'homme de l'artiste. C'est un drame, un crime passionnel, le geste fou d'un amoureux Ă©conduit. Pourquoi n'a-t-elle pas portĂ© plainte avant ? C'Ă©tait un dĂ©rapage, une maladresse, un geste dĂ©placĂ©. Il ne pensait pas Ă mal, c'est quelqu'un de bien. On ne peut plus rien dire. Les fĂ©ministes sont des folles hystĂ©riques. Depuis trois ans, je collecte et dĂ©cortique des centaines d'exemples d'un discours sexiste dans la presse, Ă la tĂ©lĂ©vision ou Ă la radio. Ce sexisme ne dit jamais son nom, mais c'est bien lui qui conduit les rĂ©dactions Ă taire ou Ă relĂ©guer les violences sexuelles en pĂ©riphĂ©rie des journaux. Lui qui se loge dans le choix d'un mot ou d'une virgule, participant Ă la culpabilisation des victimes et Ă la dĂ©responsabilisation des accusĂ©s. Comment lutter contre le sexisme quand il est perpĂ©tuĂ© et amplifiĂ© par les mĂ©dias ? Il est temps d'explorer les fondements de ce discours, pour en dĂ©faire les mĂ©canismes et nous en libĂ©rer. » R. L. Rose Lamy surveille le poids des maux. » ClĂ©mentine Goldszal - M le magazine du Monde Sur le fond, c'est passionnant et terrifiant. Mais ce qui m'a le plus touchĂ©, c'est l'honnĂȘtetĂ© de Rose Lamy. » Victorine de Oliveira - Philosophie Magazine Un livre essentiel pour comprendre que le choix des mots dans un systĂšme patriarcal contribue Ă perpĂ©tuer les violences. » Les Inrockuptibles Un livre indispensable, brillant, qui m'a appris Ă©normĂ©ment de choses. Ce livre amĂšne un nouveau point de vue ce sont des faits et uniquement des faits. » Marion Seclin Livre de chevet !! Ă lire de toute urgence. » Enora MalagrĂ© Un livre excellent, trĂšs source, anglĂ©, sĂ©rieux. C'est une arme pour penser, rĂ©flĂ©chir, comprendre. » Illana Weizman Date de parution 10/11/2021 Editeur Collection ISBN 978-2-7096-6880-4 EAN 9782709668804 Format ePub Nb. de pages 306 pages CaractĂ©ristiques du format ePub Pages 306 Taille 732 Ko Protection num. Contenu protĂ©gĂ© Imprimable Non AutorisĂ© Copier coller Non AutorisĂ© Biographie de PrĂ©parez-vous pour la bagarre AprĂšs avoir travaillĂ© dans la musique et la communication, Rose Lamy a créé en 2019 le compte Instagram PrĂ©parez-vous pour la bagarre, dĂ©cidĂ©e Ă mettre au jour un discours sexiste et antifĂ©ministe Ă l'ouvre au quotidien dans les mĂ©dias. Il est suivi aujourd'hui par plus de 190 000 personnes. DĂ©faire le discours sexiste dans les mĂ©dias est son premier livre.
25mai 2022 Par PrĂ©parez-vous pour la bagarre. Depuis son ouverture le 11 avril 2022 devant le Tribunal du ComtĂ© de Fairfax en Virginie (USA), la bataille judiciaire longue et mouvementĂ©e quiTu veux ressentir de la haine, de la frustration et du dĂ©goĂ»t envers la presse ? Eh bien le compte Insta preparez_vous_pour_la_bagarre recense les titres de presse sexistes. Et franchement, ça donne envie de faire la PENSEZ Ă SWIPER LES IMAGES VERS LA DROITE SINON VOUS ALLEZ RIEN COMPRENDRE. 1. 2. View this post on Instagram Ouest France, 16 juin 2020 [Ădit titre modifiĂ©] . La culture du viol est un concept sociologique qui regroupe des croyances trĂšs profondes qui minimisent, excusent voir encouragent les violences sexuelles. Une de ces manifestations c'est la âsolidaritĂ©â des hommes avec les agresseurs. Peut-ĂȘtre connaissez vous lâaffaire Brock Turner arrĂȘtĂ© et mis en accusation pour cinq chefs d'accusation d'agression sexuelle, reconnu coupable de trois et condamnĂ© Ă six mois d'emprisonnement mais libĂ©rĂ© au bout de trois. Lâhistoire avait fait du bruit Ă cause de la clĂ©mence de sa peine mais surtout parce que sa dĂ©fense avait reposĂ© sur le fait qu'une peine de prison "gacherait" sa vie d'athlĂšte. Le traumatisme de ses victimes Ă©taient perçus comme moins graves que les dĂ©gĂąts sur sa vie prĂ©sente et future. ?Cet article est un cas dâĂ©cole de culture du viol. En rose on minimise une agression sexuelle qui devient un âdĂ©rapageâ. On sâĂ©panche sur le ressenti de lâauteur des faits, on sâidentifie Ă son malheur, en le dĂ©crivant âblessĂ©â ârongĂ© par la honteâ avec "ces chaussures de montagnes aux pieds"qui le rendent misĂ©rable et inoffensif. On va mĂȘme jusquâĂ mettre dans lâĂ©quation son mĂ©tier dâagriculteur â Dans notre mĂ©tier, on se construit dans la douleur et quand on fait une erreur, on le paie cashâ. Quel rapport ? En bleu, un petit paragraphe pour la victime qui semble mineure et qui souffre pourtant dâun traumatisme. Pourquoi ? Consciemment ou non, les hommes s'identifient aux agresseurs. Comme ils se savent quelque part âcapablesâ de ces actes, ils les minimisent et traitent les agresseurs comme ils voudraient quâon les traite s'ils se faisaient "coincer". "Il ne pensait pas Ă mal" "il a fait une faute mais il regrette". DĂ©fendre l'autre c'est se rassurer. Ignorer le ressenti de la victime c'est se protĂ©ger soi. Et c'est plus facile, que de se lancer dans une introspection difficile sur ces comportements, et les violences qu'on je m'inclus a pu exercer. On met un couvercle sur ces histoires, on regarde ailleurs et rien ne change pour les victimes. C'est la culture du viol. ? Captures mathilde_passions A post shared by PrĂ©parez-vous pour la bagarre preparez_vous_pour_la_bagarre on Jun 16, 2020 at 236am PDT 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. View this post on Instagram Le point, 29/01/2020 ? Allez c'est parti maletears C'est mĂȘme plus une problĂ©matique individuelle que je veux pointer Ă ce stade c'est la protection quasi systĂ©matique des agresseurs "artistes" comme s'il existait une loi imaginaire qui leur permet tout contre des oeuvres. Par les instances de pouvoir rĂ©elles ou symboliques, les mĂ©dias... et aprĂšs avoir admis metoo et le problĂšme des violences sexuelles. ? La solidaritĂ© entre les femmes, on y est pas encore ? Mais sachez qu'en face, c'est une mĂ©canique bien rodĂ©e. Les hommes se serrent les coudes, se soutiennent quasiment par principe. Je crois qu'ils s'identifient, je ne sais pas trop. Ca n'a pas de nom particulier, c'est plus fort que la sororitĂ©. J'appelle ça le "boys club" Ă dĂ©faut d'un meilleur terme. La rĂšgle est simple on occupe des places de pouvoir ; on se nomme, on se dĂ©fend, on reste loyaux et solidaires contre la dictature feministe. A post shared by PrĂ©parez-vous pour la bagarre preparez_vous_pour_la_bagarre on Jan 30, 2020 at 904am PST 12. 13. 14. View this post on Instagram Re-Post 4??8?? ou Une certaine idĂ©e de l'enfer ? ? Le cardinal Giovanni Battista RĂ©, 2009. ? Le Vatican justifie l'excommunication d'une mĂšre brĂ©silienne et de mĂ©decins, pour l'avortement d'une fillette de 9 ans. L'enfant avait Ă©tĂ© violĂ©e par son beau-pĂšre qui, lui spoiler alert n'est pas excommuniĂ©. La petit fille attendait des jumeaux, elle serait sĂ»rement morte de sa grossesse. Mais qu'est ce que la vie d'une femme face Ă celle de deux fĆtus qui auraient encore pu devenir des hommes ? ? Sources ??Ădit "La ConfĂ©rence nationale des Ă©vĂȘques du BrĂ©sil CNBB a annoncĂ©, vendredi 13 mars, qu'elle dĂ©savouait l'archevĂȘque de Recife, pour avoir excommuniĂ© la mĂšre d'une enfant de 9 ans ayant avortĂ© de jumeaux Ă la suite d'un viol, ainsi que toute l'Ă©quipe mĂ©dicale. La CNBB a Ă©galement niĂ© l'excommunication. ... La CNBB prend ainsi le contre-pied du Vatican, qui avait, lui, justifiĂ© l'excommunication de la mĂšre et de tout le corps mĂ©dical." ? sexismeordinaire sexismeextraordinaire cultureduviol misogynie feministe feminisme preparezvouspourlabagarre+ A post shared by PrĂ©parez-vous pour la bagarre preparez_vous_pour_la_bagarre on Oct 30, 2019 at 1133am PDT
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Auteur Rose LamyĂditeur JC LattĂšsParution 10 novembre 2021Pages 306EAN-13 978-2709668507Quâest-ce quâelle faisait dehors Ă cette heure ? Avait-elle bu ? Que portait-elle ? Il ne peut pas lâavoir violĂ©e, je mâen porte garant, câest mon ami. CâĂ©tait une autre Ă©poque. Il faut sĂ©parer lâhomme de lâartiste. Câest un drame, un crime passionnel, le geste fou dâun amoureux Ă©conduit. Pourquoi nâa-t-elle pas portĂ© plainte avant ? CâĂ©tait un dĂ©rapage, une maladresse, un geste dĂ©placĂ©. Il ne pensait pas Ă mal, câest quelquâun de bien. On ne peut plus rien dire. Les fĂ©ministes sont des folles hystĂ©riques. Depuis trois ans, je collecte et dĂ©cortique des centaines dâexemples dâun discours sexiste dans la presse, Ă la tĂ©lĂ©vision ou Ă la radio. Ce sexisme ne dit jamais son nom, mais câest bien lui qui conduit les rĂ©dactions Ă taire ou Ă relĂ©guer les violences sexuelles en pĂ©riphĂ©rie des journaux. Lui qui se loge dans le choix dâun mot ou dâune virgule, participant Ă la culpabilisation des victimes et Ă la dĂ©responsabilisation des lutter contre le sexisme quand il est perpĂ©tuĂ© et amplifiĂ© par les mĂ©dias ? Il est temps dâexplorer les fondements de ce discours, pour en dĂ©faire les mĂ©canismes et nous en libĂ©rer. » R. toute chose, je remercie les Ă©ditions JC LattĂšs de m'avoir permis de dĂ©couvrir cet essai via de Rose Lamy est simple dans le sens oĂč elle peut ĂȘtre abordĂ©e par tous. On est loin des prĂ©tentions universitaires ou littĂ©raires qui peuvent rapidement ĂȘtre indigestes Ă la lecture, on ne va pas se mentir... mais le propos est illustrĂ© et argumentĂ©. J'ai apprĂ©ciĂ© cette maniĂšre de traiter le son travail documentĂ©, Rose Lamy nous montre que le patriarcat est encore bien prĂ©sent partout. Les mĂ©dias, par des choix linguistiques, nous transmettent des messages. Depuis longtemps, on intĂšgre un discours misogyne qui vise Ă rabaisser, discrĂ©diter, infantiliser les femmes. Certes, il y a eu des Ă©volutions positives ou nĂ©gatives mais il reste tant Ă faire. Heureusement, comme nous le dĂ©montre l'autrice, tout le monde peut ouvrage permet d'ouvrir encore plus les yeux sur nos sociĂ©tĂ©s et sur la place de la femme dans celles-ci. Je ne peux qu'en recommander la lecture.Retrouveztous les livres de l'auteur : PrĂ©parez-vous pour la bagarre. Achetez parmi plus d'un million de livres - 3Ăšme libraire en ligne - 12899003Dans son ouvrage, Rose Lamy dĂ©montre que les rĂ©dactions taisent ou relĂšguent les violences sexistes et sexuelles en pĂ©riphĂ©rie des unes. Article rĂ©digĂ© par PubliĂ© le 08/12/2021 1319 Mis Ă jour le 08/12/2021 1320 Temps de lecture 2 min. Rose Lamy a choisi un pseudonyme pour rĂ©pertorier depuis 2019 les propos sexistes et antifĂ©ministes vĂ©hiculĂ©s dans les mĂ©dias. Son compte Instagram PrĂ©parez-vous pour la bagarre est un succĂšs, le nombre dâabonnĂ©s est en passe dâatteindre 200 000. Ancienne communicante en gestion de crise, la jeune femme a dĂ©cidĂ© de faire de sa traque un livre PrĂ©parez-vous pour la bagarre. DĂ©faire le discours sexiste dans les mĂ©dias aux Ă©ditions JC LattĂšs. "Je trouvais quâon sâindignait pour un fĂ©minicide par exemple et quâaprĂšs on passait Ă autre chose." "Jâai eu lâintuition que si je mettais tout au mĂȘme endroit, on pourrait mettre au jour une mĂ©canique qui relierait les Ă©vĂšnements entre eux", explique Rose Lamy sur franceinfo. Dans son ouvrage, elle estime que les rĂ©dactions taisent ou relĂšguent les violences sexistes et sexuelles en pĂ©riphĂ©rie des unes. Si câĂ©tait une rĂ©alitĂ© il y a quelques annĂ©es, est-ce toujours le cas aujourdâhui ? "Peut-ĂȘtre plus totalement, les choses progressent, concĂšde-t-elle. Mais je me suis basĂ©e sur une affaire importante dans ma construction fĂ©ministe qui a une dizaine dâannĂ©es, câest lâaffaire DSK. Une phrase mâa marquĂ©e, câĂ©tait dans le Canard enchaĂźnĂ© qui disait 'lâinformation sâarrĂȘte Ă la porte de la chambre Ă coucher'." "Je trouve que câest assez rĂ©vĂ©lateur sur le rapport Ă la sphĂšre privĂ©e qui reste fort en France. Il y aurait un monde sur lequel on nâa pas le droit dâenquĂȘter. Mais si on regarde derriĂšre la porte et que câest un viol ou un inceste ? Les mĂ©dias et la justice doivent intervenir, ça devient un problĂšme public et non privĂ©", s'indigne Rose Lamy Cette affaire du Sofitel de New York remonte Ă 2011. Ă lâĂ©poque, les proches de Dominique Strauss-Kahn, des politiques essentiellement, se relayaient sur les plateaux pour dĂ©fendre lâhonneur de leur ami et parfois dĂ©nigrer Nafissatou Diallo. Dix ans plus tard, personne nâest venu tenir les mĂȘmes propos pour Nicolas Hulot. Signe dâune Ă©volution des mentalitĂ©s ? "Oui ça va mieux, mais on arrive Ă une nouvelle Ă©tape la disqualification de la parole des victimes et Ă quel moment on les croit et on arrĂȘte de croire lâaccusĂ© sur parole", dit Rose Lamy. Rose Lamy fustige par ailleurs les titres racoleurs ou comiques de la presse Ă©crite pour Ă©voquer des violences contre les femmes. Un exemple "Il monte en pression et frappe sa femme quâil soupçonne dâavoir bu de la biĂšre." ElĂ©gant jeu de mots pour parler dâune agression. "Ăa participe dâun long processus de dĂ©shumanisation des femmes que jâessaie de mettre en lumiĂšre dans le livre. On les dĂ©shumanise aussi en ne leur donnant pas de prĂ©nom ou en parlant de leur tenue plutĂŽt que de leurs idĂ©es." Autre constat fait par Rose Lamy lâutilisation dâeuphĂ©mismes dans les mĂ©dias. Une agression sexuelle ou un viol sont souvent qualifiĂ©s dâattouchements, de gestes dĂ©placĂ©s, de mains baladeuses "Câest une grande partie du livre et câest le cĆur de ce que je fais avec mon compte Instagram la sĂ©mantique. Je suis frappĂ©e par le fait quâon a encore du mal Ă utiliser les bons mots, on parle dâattouchements, de maladresses, de caresses. Ces mots nâont pas de rĂ©alitĂ© juridique dans les faits", conclut Rose Lamy. Comment permettre Ă chacun de mieux s'informer ? Participez Ă la consultation initiĂ©e dans le cadre du projet europĂ©en De facto sur la plateforme Franceinfo en est le partenaire